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Rappel de la catastrophe

 

Le 26 avril 1986, l'un des réacteurs de la centrale nucléaire de Tchernobyl (Ukraine) explose, libérant des tonnes de rejets radioactifs entraînés jusqu'à 10 000 mètres d'altitude par les masses d'air. Environ 45% du césium rejeté par l'explosion s'est déposé dans les Etats de l'ex-URSS. C'est la Biélorussie qui est la plus touchée. Certaines estimations chiffrent à plusieurs centaines de milliers le nombre de décès liés à cette catastrophe. La radioactivité poursuit ses ravages.


Extrait d'une interview de Vassili Nesterenko (physicien biélorusse, ancien directeur de l'Institut de l'énergie nucléaire de l'Académie des sciences de Biélorussie).

« Après l'incendie de Tchernobyl, les territoires alentour ont reçu des centaines de tonnes de particules radioactives. A lui seul, le sol de la Biélorussie a absorbé 70% des radio nucléides, dont certains, comme le césium 137, restent actifs pendant plus de 30 ans. Du coup, la lente contamination de la population passe à 80% par les produits alimentaires. La contamination est responsable de nombreuses pathologies non reconnues par les organisations internationales.

En pratiquant des milliers d'autopsies, le professeur Youri Bandajevski et son équipe ont montré que le césium 137 s'accumulait dans les tissus musculaires, à commencer par le cœur: 70% des 2000 enfants contrôlés dans la zone très contaminée de Gomel souffrent de pathologies cardiaques. La concentration de césium dans les reins provoque des dysfonctionnements graves dès le bas âge. Le césium accumulé dans les muscles de l'œil déclenche des cataractes. Pendant la grossesse, le placenta des futures mères stocke le césium qui irradie le fœtus et à la naissance, elles nourrissent le bébé avec du lait contaminé. D'où des pathologies variées, comme le «sida de Tchernobyl», une déficience immunitaire. Enfin, l'alliance des radio nucléides et du plomb (utilisé en 1986 pour éteindre l'incendie et retombé dans le sol) a provoqué des retards mentaux et des maladies gastro-intestinales.

Deux millions de Biélorusses dont 500 000 enfants vivent dans les zones contaminées. La Biélorussie est seule face à une catastrophe dont elle n'est pas responsable. Ni la Russie ni l'Ukraine, où se situe Tchernobyl, ne nous sont venues en aide. Or, notre budget national ne permet qu'une aide minime aux victimes. Seule une aide internationale massive, et un fort soutien logistique du gouvernement, permettraient la survie à long terme de mon peuple. »


Publié par le Courrier de l'Unesco